dimanche 8 avril 2018

Ligonie




   Jean  Ligonie , au départ garagiste à Cercy la Tour, lance sa compagnie de cars en 1920 sur  la ligne Chateau -Chinon -Nevers  en réemployant le camion Packard laissé par les soldats américains en 1919 qu'on voit à gauche de la photo ci-desssus.

Le Garage Ligonie, juste après le passage à Niveau

de nos jours


  En 1931  Ligonie   demande au Sous-Préfet de Château-Chinon  une subvention départementale en faveur de ce  service d'autobus, en correspondance des train PLM,   Château- Chinon -  Nevers  qui  dessert Tamnay, Châtillon, Rouy, Billy-chevannes et  Saint-Benin-d'Azy . Ces  localités étantt  traversées également par les voies ferrées d'intérêt local- le Tacot-  ou situées dans leur zone d'action de ces lignes, les cars Ligonie  concurrencent directement  le réseau départemental, fortement subventionné par le département, il n'obtient pas donc  gain de cause. ( à l'époque les chemins de fer locaux et les grands réseaux, par l'intermédiaire de leurs correspondants (ou leurs filiales)  routiers se font une concurrence acharnée)


pub de 1929

 
  Ligonie s'est aussi fait une spécialité des dessertes    thermales.

 Jusqu'à  la fin des années 30, les voyageurs depuis Paris à destination de Saint-Honoré-les-Bains arrivent  en gare de Rémilly , petit village situé entre Fours et  Luzy 
 Durant toute la saison des trains sont directs depuis Paris : à la gare de Lyon un wagon est spécialement destiné aux curistes.  Trois trains  desservent  quotidiennement  la gare  que relaient les bus de   Ligonie ou les taxis locaux . A chaque changement de cure, toutes les 3 semaines  (les 18 jours de cure dont vous parlent les publicité radios ou télé pour les station thermales, c'est çà)  , il faut 3 autobus pour embarquer les voyageurs de   chaque train et  transporter  les bagages sur la galerie au dessus du toit.
  Ligonie prend aussi en charge les curistes arrivant en gare de Vandenesse via  Auxerre par les trains normaux.
  En 1936, Ligonie récupère l'importante  desserte de  la liaison  Cercy -Bourbon Lancy, ville de cures elle aussi  avec terminus Dompierre sur Besbre . ( bien avant la construction du  PAL...)

  Pendant  la 2ème guerre mondiale ,  sans demander l’avis du Conseil Départemental responsable de fixer le tarif des dessertes concédées aux différent transporteurs, et en qualité de correspondant de la S.N.C.F. à Moulins- Engilbert,  Ligonie  majore automatiquement toutes ses factures.   Ses clients protestent contre ce procédé ... mais n'ont pas d'autre choix que de payer.... d'autant que le transporteur  fait de juteuses affaires avec un protecteur bien pratique: la Wehrmacht. Il faut bien çà pour compenser la baisse de trafic en temps de guerre: le nombre de liaisons régulières par cars est divisé par 10 par rapport  à  celle assurées en temps de paix. 

  A la Libération, comme d'autres chefs d'entreprises ayant fricoté avec l'occupant, Ligonie passe en jugement : ses biens sont saisis, il est condamné à  la dégradation nationale.

Un ticket d'autobus Ligonie de l'immédiate après guerre.

La raison sociale de l'entreprise est  devenue S. Ligonie.

Un rapport avec les ennuis judiciaires du patron?

 

   Mais bien vite, le redressement économique exige que l'activité du transporteur  se poursuive.  Les chiens ayant aboyé.... il faut bien que la caravane passe, et ses peines sont très rapidement  atténuées.


encart de presse de 1948


Une vingtaine d'années plus tard il devient même maire de Cercy la Tour.

1966. De mars 1965 à mars 1971 Jean. Ligonie est  maire de Cercy la Tour


  Quand, en 1952,  le service voyageur  ferroviaire cesse sur le trajet  Corbigny - Cercy  (la section de Cercy-la-Tour à Tamnay-Châtillon est fermée. ) il est transféré par voie routière via les autocars de la société Ligonie,  qui récupère aussi dans les années 50 ,le trafic local -subventionné - du ramassage scolaire, ainsi que les excursions touristiques plus lointaines.

publicité 1955



  Ligonie devient président  de l'Association Professionnelle des Transporteurs Publics Routiers  de voyageurs de la Nièvre, le lobby départemental des autocaristes,  poste qu'il occupera jusqu'à  sa retraite.

Cars  J .Ligonie en 1963 à Saint Honoré les Bains


autocar Chausson APH521 de la fin des années 50 reconverti dans le ramassage scolaire

calendrier Ligonie de 1971, édité à l'occasion des 50 ans de l'entreprise



   La société des Transports Ligonie est transformée en S.A.R.L quand son fondateur se retire et laisse la main à ses descendants  ( fils puis petit-fils) .Elle est placée en liquidation judiciaire  et cesse ses activités en  juin 1997.  Il en  reste des souvenirs, quelques tickets anciens, d'anciens objets publicitaires et... une épave servant plus ou moins d'abri de chasse, abandonnée dans le bois de Verneuil




3 commentaires:

  1. Si je n'ai jamais travaillé chez Ligonie, j'ai par contre conduit occasionnellement un car Chausson comme celui de la photo. Son moteur diesel Panhard de 100 ch lui permettait d'atteindre le 90 sur le plat, mais il voyait venir les côtes de très loin...

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  2. Superbe récit une fois encore ... Cadeau sur la publication FB... à suivre !

    Bonne journée de confinement...

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  3. Il y avait un arrêt des cars Ligonie à Moulins-Engilbert. Il y avait une ligne pour Nevers. Une autre permettait d'aller à la gare de Rémilly. Je l'ai pris dans les années 1960. Je ne sais plus quel était le modèle de car mais c'était plus ancien que les cars Chausson.

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