lundi 1 mai 2017

La jeune fille, le canal et la mort.

 

  M. ,une monitrice  de 20 ans ans  qui effectue un stage de Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animateur (BAFA) disparait brutalement le 24 avril 1993  sur le chemin de halage du canal,entre le pont de Crésancy et  Sermoise, alors qu'elle balise un jeu de piste.

   Sa disparition  est signalée vers 14.00 aux autorités. L'enquête est confiée à la section de recherche de la Gendarmerie de Bourges.
  Une centaine de soldats du 7ème régiment d'artillerie de Nevers, basés à la caserne Pittié,   rejoignent  alors  une trentaine de gendarmes  et autant de bénévoles pour ratisser la zone de la disparition.


 Les gendarmes  font  complètement assécher  le canal latéral à la Loire  et vident le Crot de Savigny afin d'avoir la certitude que la disparue n'y est pas tombée.



   Deux jours plus tard, faute d'indices, un avis de recherche est publié . Un témoin se présente: il a vu une jeune fille correspondant au signalement de la disparue marcher le long du canal le 24. Elle était  suivie par une Peugeot 305 de couleur bronze. La gendarmerie recoupe la liste des propriétaires de ce type de 305 de la Nièvre avec le  fichiers des casiers judiciaires,  et parvient à mettre la main sur un certain D., ouvrier agricole de vingt-sept ans, résidant près d'Imphy. Décrit comme un  marginal déséquilibré, il est  déja connu de la Justice pour des faits d'agressions et de délits sexuels.   Mis en garde à vue, il avoue aux gendarmes  avoir suivi  la jeune femme, «pris d'une envie subite et irrésistible de toucher son corps», puis l'avoir  saisie et étranglée  par derrière, serrant son cou avec son avant-bras, avant de charger  le corps inanimé dans sa voiture  et, après plusieurs heures d'errance, de l'abandonner dans un taillis . Mais il se refuse  à en préciser l'endroit, et à dire si la jeune femme est morte ou vivante. Il est néanmoins mis en examen le 1er mai pour assassinat et  écroué à la prison de Nevers.
   Les gendarmes, aidés d'un hélicoptère,  et les militaires stationnés à  la caserne Pittié   continuent à  rechercher la trace du corps.

  C'est en plein milieu de ces  recherches, vers 18h30 , le 1er mai,  que tombe la nouvelle du suicide, non loin de là,  de Pierre Béregovoy,  à Sermoise, également en zone gendarmerie.

  La hiérarchie judiciaire, malgré la crainte des parents de la jeune fille de voir l'enquête sur sa disparition passer au second plan,  décide de laisser la gendarmerie gérer les deux affaires en parallèle.
 
  Le 5  mai,  dans l'idée de faire avouer au prévenu la localisation de sa victime, on extrait ce dernier de sa prison.  Pendant plus de 200km  les gendarmes vont  parcourir  les routes du Cher et de la Nièvre, au gré des  indications imprécises et fluctuantes du suspect.  C'est finalement en passant au  lieu dit l'Etang des Borettes à Chassy, dans le Cher,  que l'enquêteur voit changer brusquement l'expression  du visage du suspect  . Il fait alors  immédiatement arrêter le véhicule: la  fouille des alentours permet de retrouver rapidement le corps sans vie de M.

    Bien que, pour son avocat commis d'office, D.  ne soit  pas responsable de ses actes, les parents de la jeune fille insistent pour qu'il soit jugé. Le procès a finalement  lieu  à Orléans en décembre 1998, soit plus de 5 ans après les faits.

  La grande question est: Que faut il faire de D ? L'envoyer en prison ou le laisser à son statut d'interné dans une unité psychiatrique dont on l'a sorti pour ce procès ? A-t-il tué  parce qu'il  est fou ou est-il devenu fou parce qu'il l'avait tuée ?
   Pendant les débats, l'accusé  est sous neuroleptiques. Deux groupes d'experts psychiatres sur trois le considèrent comme étant dément au moment des faits , et le jugent tout à la fois inaccessible à une sanction pénale mai aussi -en même temps- très dangereux, son cas devant relever  de soins psychiatriques obligatoires... c'est pourtant l'avis d'un troisième collège d'experts que retient le Ministère Public..
.
    L'Avocat Général requiert  20 ans de prison  avec une peine de sûreté une des 2/3 tandis que la Défense plaide l'irresponsabilité pénale. Les Assises du Loiret reconnaissent finalement D. coupable de meurtre, la Cour et les jurés estimant  au bout de  4 heures de délibérations qu'il a volontairement donné la mort à sa victime . Il est condamné, sans appel possible ( nous sommes en 1998, l'appel d'un jugement en Assises ne sera possible qu'à partir de 2000) ),  à 12 ans de prison dont 8 de peine de sureté.  
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire