dimanche 19 février 2017

La Clinique du docteur D.

   La polyclinique du Val de Loire est un établissement hospitalier à l'origine créé en 1923 par le Docteur RÉAU installé , au 3  rue des Minimes.
 Malheureusement   ce dernier meurt  accidentellement en 1932,  et son projet est repris  en 1935 par le Docteur Charles Duncombe. Un bâtiment neuf est construit rue du Commandant Barat.

 
    Pendant la guerre, le docteur Duncombe soustrait des résistants à la police de Vichy ou  sauve des Juifs  des rafles  de 1944 au prétexte de pseudo-opérations, ou en les abritant dans son service de chirurgie et en  les déclarant "intransportables".
   En juillet 1944, l’aviation alliée  bombarde son établissement par erreur .  La gare de triage,  qui est la véritable  cible du bombardement, est distante seulement d'une centaine de mètres . Les bombardiers Lancaster de la R.A.F. vont cibler ce secteur. Des que l'alerte est donnée et aux premières flammes des fusées éclairantes destinées à baliser la zone à bombarder, les malades qui le peuvent se réfugient dans une tranchée-abri aménagée dans sol pierreux du jardin de la clinique. Les autres, surveillés par le personnel soignant,  doivent rester dans leurs lits. Puis les bombes tombent sur la gare, mais aussi  sur ses environs.  Dans une grande flamme rougeâtre, le garage de la clinique est soufflé par une explosion. La poussière retombe: le garage s'est comme volatilisé. A chaque déflagration les murs du bâtiment principal se fendent, les gravats pleuvent, les vitres se brisent Depuis sa résidence campagnarde, le Dr Duncombe prend vite la mesure de la situation et part vers la ville . Passant en voiture boulevard Victor Hugo, il est arrêté par les Allemands devant les ruines de l'Ecole Normale, alors siège de la Gestapo: «Où allez-vous ? Restez ici. Les soldats allemands d'abord » lui ordonne-t-on... Pendant une petite demi-heure, le docteur doit soigner l’occupant. Puis une ambulance attelée d’un cheval arrive et il peut repartir vers sa clinique. Il appelle. Par miracle nul n'est touché, mis à part Lucien Lecrot un infirmer,  grièvement blessé. Celui-ci  et quelques autres patients sont entassés sur les coussins de la voiture et l'évacuation vers l’hôpital principal commence. Le Dr Duncombe y soignera les blessés  jour et nuit  dans des abris de fortune.

A la Libération, le médecin deviendra un véritable héros:  "Les nivernais garderont à jamais ce bienfaiteur de l’humanité que fut le docteur Duncombe » titrera le Journal du Centre. Sa Clinique rouvre en décembre 1945.
  On sait moins que le docteur Duncombe, en plus d'être né en 1897 à Haïti, c'est à dire à l'étranger et naturalisé en 1929,  est lui même suspecté  - sans qu'on puisse à ma connaissance en apporter de preuve tangible - de lointaine ascendance israélite.  Pendant cette période c'est un des rares  médecins de la Nièvre  à être soutenu par ses collègues  et par l'Ordre des Médecins contre les ordonnances anti-juives de Vichy. Même le  Préfet de la Nièvre intervient en sa faveur auprès du  Secrétaire d’état à l’intérieur deVichy. Sans ces soutiens il n'aurait pas pu continuer à exercer.

Décret d'octobre 1941 ré-autorisant le Dr Duncombe à exercer


 Il devient ensuite président du Rotary Club  de Nevers . Sur les décombres de sa clinique, au 3 rue du Commandant Barat, le docteur Duncombe reconstruit la clinique du Val de Loire.


   En 2000  après une trentaine d'années de croissance de l'activité il n’est  plus envisageable de travailler dans des batiments  datant de l’après guerre:  les locaux de la polyclinique actuelle sont construits .

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